Je reviens sur le secret professionnel des Accueillant(e)s d’enfants (la première partie se trouve ici : Qu’est-ce que le secret professionnel ?).
Pour mieux cerner quelles sont les limites à s’imposer, savoir dans quelles situations il est bon de se taire ou au contraire si vous pouvez en discuter plus librement, je vous propose d’étudier quelques exemples concrets :
« La maman de Lucas a vraiment mauvaise mine… J’ai essayé de le lui dire, mais elle m’a répondu : « Non, tout va bien ». Je suis interpellée par la détresse de cette dame, elle a de grandes cernes noires en-dessous des yeux et me dit, en plus, être tombée dans l’escalier. Je suis choquée et décide d’en parler au mari : « Votre femme ne va pas trop bien ! » Il me répond : « Cela ne vous regarde pas, occupez-vous du petit ! ». »
Dans ce cas, le secret professionnel n’a pas été respecté, vous n’avez pas à vous immiscer dans la vie privée des parents, bien sûr cela n’est valable que tant que l’enfant n’est pas directement concerné.
Tout en restant dans la suite de cette situation, vous en parlez à votre Assistante sociale. Celle-ci décide d’interpeler la personne et lui propose une rencontre. Peut-on vous reprocher d’avoir parlé à votre responsable ? Non, c’est le secret professionnel d’équipe qui s’applique ici, votre responsabilité s’arrête là, votre responsable prend le relais.
Toujours dans la suite de cette histoire, « après la rencontre avec l’Assistante sociale, il n’y a pas de changement… (ce qui est très rare), vous menacez, après deux mois, de ne plus vouloir recevoir ces parents, car cela devient trop dur pour vous. La situation est difficile. Vous dites à votre Assistante sociale que vous allez vous adresser à la Directrice de l’ONE : « Cette maman ramasse de temps en temps des gifles… qui lui laissent des bleus… ma coiffeuse me l’a confirmé (elle connaît aussi la maman)… de plus, elle s’est cassé un poignet… ». Votre Assistante sociale ne veut plus intervenir, elle n’est pas disposée à bouger. »
La Directrice de l’ONE peut-elle vous reprocher de ne pas avoir respecté le secret professionnel ? Non, là encore c’est le secret professionnel d’équipe qui s’applique, c’est votre supérieur, donc pas de souci. Est-elle obligée d’intervenir ? Oui.
« Vous parlez de cette situation à votre mari, qui sait garder les confidences pour lui, et qui vient avec vous rencontrer la Directrice de l’ONE. Pour vous épauler simplement et vous soutenir pour dénoncer les conditions difficiles de travail. » Y-a-t-il rupture du secret professionnel ? Non, votre mari est tenu à la discrétion, il vous accompagne simplement, il ne s’impose pas.
« Un jour, le petit Lucas arrive avec un gros bleu sur l’épaule, à l’articulation… Vous décidez de faire venir votre médecin, qui conclut une luxation de l’épaule. Vous en informez la mère, en mentant un peu sur la venue du médecin… mais vous lui dites clairement que c’est une luxation. Cette maman vous fait comprendre que c’est son mari qui a soulevé le petit par le bras hier, alors qu’il n’arrêtait pas de pleurer. »
Faut-il dénoncer les faits ? Oui ! Dans ce cas, il y a des répercussions directes sur l’enfant, c’est de votre responsabilité d’en parler, tout d’abord avec votre Assistante sociale qui vous soutiendra pour la suite de la procédure.
Un dernier exemple pour finir : « Vous vous faites engueuler par un parent (peu importe la raison). Vous lui dites que vous allez en parler à votre Assistante sociale, que vous n’êtes pas d’accord avec ce parent… Ce parent vous dit alors : « Je vous rappelle que vous êtes tenu par un devoir de discrétion, vous ne pouvez pas en parler ! ». Faux ! Toujours ce fameux secret professionnel d’équipe.
J’espère que ces exemples vous auront aidé à mieux comprendre ce que nous pouvons, ou non, faire et dire en tant qu’Accueillant(e) d’enfants ! Dans tous les cas, vous pouvez en parler avec votre Assistante sociale qui je vous le rappelle est, elle aussi, tenue au secret professionnel.
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